samedi 16 mai 2015

Renaissance imaginaire : appel à communication

Renaissance imaginaire :
la réception de la Renaissance dans la culture contemporaine (xxe- xxie siècles)


EPHE/Université de Rouen, 1-2 avril 2016


Comité d’organisation
Mélanie Bost-Fievet (EPHE), Perrine Galand (EPHE), Louise Katz (EPHE, CNRS-IRHT) et Sandra Provini (CÉRÉdI/Rouen)

Comité scientifique
Anne Besson (Maître de conférences HDR à l’université d’Artois), Véronique Gély (Professeur à l'université Paris-Sorbonne), Daniele Maira (Professeur à l’université de Göttingen), Gérard Milhe Poutingon (Professeur à l’université de Rouen), Jean-Charles Monferran (Professeur à l’université de Strasbourg), Isabelle Pantin (Professeur à l’École Normale Supérieure), Stéphane Rolet (Maître de conférences à l’université Paris 8), Jean Vignes (Professeur à l’université Paris-Diderot)


Les études de réception, qui constituent aujourd’hui en France un champ de la recherche en plein essor, ont abordé largement la présence du Moyen Âge[1] et, plus récemment, de l’Antiquité gréco-latine[2] aux xxe et xxie siècles, en prenant de plus en plus fréquemment en compte les littératures de l’imaginaire et la culture populaire contemporaine. Le colloque organisé en 2012 sur L’Antiquité dans l’imaginaire contemporain : fantasy, science-fiction, fantastique[3] a notamment permis de mettre en évidence la complexité des jeux de réécriture, de citation, de détournement, et la fécondité des motifs et mythes antiques dans la construction d’univers secondaires, mais a aussi fait apparaître la Renaissance comme un jalon incontournable de la réception de l’Antiquité aux xxe et xxie siècles.
Pourtant, cette période, envisagée ici sur la longue durée, du Quattrocento à la fin du xvie siècle, n’a pas encore reçu en France toute l’attention qu’elle semble mériter et que lui accordent déjà depuis plusieurs années les recherches anglophones sur le devenir de la Renaissance anglaise[4]. La Renaissance entretient en effet avec l’idée même de réception une affinité évidente : humanistes et artistes commentent, imitent, réinventent textes, œuvres et concepts antiques et médiévaux. Nombreux sont ainsi les travaux consacrés à la réception des œuvres antiques à la Renaissance, qui font apparaître cette période comme un modèle pour le réinvestissement de sources anciennes dans la création. Mais on ne s’est encore guère intéressé à la manière dont les œuvres, les personnes, les idées de la Renaissance avaient pu informer l’imaginaire contemporain[5], et dont les œuvres des xxe et xxie siècles s’approprient ce matériau[6]. La réception de la Renaissance au xixe siècle est mieux connue, et a suscité de nouvelles études ces dernières années[7], qui ont pu à l’occasion aborder le xxe siècle[8]. L’attention s’est aussi portée, plus ponctuellement, sur la réception de tel ou tel « grand » auteur dans une perspective diachronique large : Rabelais, Ronsard et la Pléiade, Montaigne et d’Aubigné se sont vu consacrer des monographies ou des collectifs. Mais là encore, les travaux ont principalement exploré le xixe siècle[9], qui apparaît comme un point de relais majeur pour la réception contemporaine de la Renaissance.
C’est sur celle-ci cependant que nous souhaitons nous concentrer, en privilégiant la réception du Quattrocento et du xvie siècle aux xxe et xxie siècles, et en nous intéressant tout particulièrement aux œuvres de grande diffusion et à la présence de la Renaissance dans la culture populaire des cinquante dernières années, afin de dégager, dans un travail comparable à celui qui a été conduit sur les époques antérieures, les particularités de la réception de la Renaissance à l’époque contemporaine. Quels événements ont marqué l’imaginaire collectif ? Quelles caractéristiques spécifiques de la Renaissance des différents pays européens peut-on identifier dans les représentations populaires de la période ? Que reste-t-il de l’humanisme aujourd’hui ? Comment est perçue sa place dans l’histoire européenne ?
On s’intéressera, pour répondre à ces questions, à un large éventail de créations, prioritairement dans le domaine francophone, encore peu étudié : littérature, en particulier littérature dite de genre (science-fiction, fantasy, roman policier, romance) et succès de librairie, bande-dessinée, cinéma, séries télévisées, jeux (vidéo, de société, de rôle).
Trois axes de réflexion nous ont paru particulièrement féconds :
- la réception de la littérature européenne de la Renaissance.
On s’intéressera aux lectures actualisantes, aux réécritures littéraires et aux transpositions sur la scène et à l’écran des œuvres de la période – sans s’en tenir à l’auteur le plus abondamment adapté, Shakespeare. On se demandera quel type d’imitation les auteurs contemporains pratiquent : la contaminatio patiemment élaborée à partir de sources précises (réécriture futuriste de la Jérusalem libérée par François Baranger dans Dominium mundi), qui pourra donner lieu à des analyses hypertextuelles détaillées[10] ; la transposition de personnages « transfictionnels »[11] dans de nouveaux univers (Prospero et Caliban dans Olympos de Dan Simmons) ou encore la simple reprise d’éléments culturels qui, accédant au statut de mythes universels, ont gagné leur indépendance par rapport à leur période d’invention (Roméo et Juliette, de la science-fiction à la comédie musicale).
On examinera aussi les rééditions et les commentaires instrumentalisant pour une nouvelle cause des œuvres de la Renaissance devenues modèles de littérature de combat, comme la Satyre Ménippée, à la Révolution et sous la IIIe République, ou le discours De la servitude volontaire de La Boétie, régulièrement réédité en Europe dans les périodes de révolution ou de guerre. On pourra aussi se demander quelle influence les écrits de More, Machiavel ou La Boétie exercent sur la mode actuelle de la dystopie.
On pourra également s’intéresser aux fictions biographiques et aux biopics consacrées aux écrivains (Rabelais, Montaigne, Marie de Gournay…) ainsi qu’aux lectures contemporaines de penseurs humanistes perçus comme sources de notre « modernité » (Stefan Zweig, Michel Butor, Milan Kundera, Carlos Fuentes, Antoine Compagnon).
Enfin, on pourra étudier le devenir de la langue de la Renaissance, avec laquelle les écrivains francophones se sentent une affinité particulière[12], ou encore celui des jeux de langage perçus comme propres à la période, les Grands Rhétoriqueurs ayant été pris pour modèles tant par les « Incohérents » à la fin du xixe siècle que par Aragon dans ses recueils de la Résistance ou par les membres de l’Oulipo au xxe siècle. On citera aussi la recherche linguistique effectuée par Robert Merle dans sa saga historique Fortune de France, qui connut un grand succès populaire. Dans le domaine anglophone, la langue de Shakespeare est source de nombreuses expérimentations littéraires, comme la réécriture des deux trilogies Star Wars dans le style du dramaturge.
- la réception des arts et de l’imaginaire symbolique.
On cherchera à cerner notre mémoire des œuvres d’art de la Renaissance, pour laquelle le public montre toujours un engouement certain qu’indiquent tant la fréquentation des expositions que les nombreuses publicités illustrées par des tableaux renaissants, ou encore la reprise par les cinéastes de procédés de composition ou d’éclairage immédiatement reconnaissables comme renvoyant à cette période. La vigueur persistante de l’imaginaire pictural hérité de la Renaissance se repère tant dans les clins d’œil et pastiches (Bruegel dans Astérix chez les Belges) que dans les détournements d’œuvres d’art (L.H.O.O.Q.). On se penchera aussi sur la manière dont la peinture de la Renaissance (italienne et flamande en particulier) nourrit les fantasmes contemporains, comme en témoignent les nombreux polars et thrillers basés sur le mystère supposé de ces œuvres (Dan Brown, Iain Pears, Arturo Pérez-Reverte). De nombreuses fictions imaginent également la vie des peintres et les conditions de réalisation de leurs œuvres (Sophie Chauveau, Jean Diwo, Tracy Chevalier), ou élaborent une véritable mystique autour de certaines figures, comme Léonard de Vinci.
On s’intéressera en outre au devenir d’autres formes artistiques, comme le théâtre, la danse et la musique, et aux efforts de compagnies (Ris et danceries) ou d’ensembles (Clément Janequin, Doulce Mémoire) pour permettre leur diffusion, ainsi qu’à la manière dont la chanson s’est emparée de techniques musicales et de textes poétiques renaissants (disque Poétesses de la Renaissance de Chantal Grimm, chansons et albums de Ridan ou de Sting).
On pourra, enfin, prendre en compte la réception d’un imaginaire symbolique plus diffus à l’œuvre notamment dans la construction d’univers secondaire : paysages urbains – on pense à la Ciudalia de Jean-Philippe Jaworski (Gagner la guerre) ou à la Camorr de Scott Lynch (The Lies of Locke Lamora) –, qui rappellent la Gêne ou la Venise de la Renaissance ; pratiques sacrées et occultes (l’alchimie dans L’Œuvre au noir de Marguerite Yourcenar, Nostradamus) ; imaginaire du complot ; univers de la fête, de la mascarade, renversement carnavalesque ; redécouverte d’un passé perdu ou inconnu.
- la réception des événements historiques, des grandes découvertes et des inventions scientifiques.
On verra comment la représentation d’événements ou de personnages historiques oscille entre fantasme, anachronisme délibéré et souci de véracité. On pourra ainsi étudier la mémoire de la Réforme et des guerres de religion, souvent relues au prisme de l’actualité contemporaine (mise en parallèle de la Saint-Barthélemy avec la guerre de Bosnie-Herzégovine dans La Reine Margot de Patrice Chéreau). On s’intéressera aussi au devenir de certaines dynasties qui ont suscité une légende toujours vive, souvent accompagnée d’un parfum de scandale, comme les Tudor, les Borgia (qui ont inspiré d’innombrables pièces et romans, d’Hugo et Dumas à Manuel Vázquez Montalbán et Mario Puzo, et aux deux séries récentes, The Borgias et Borgia) ou les derniers Valois (Charly 9 de Jean Teulé, pour ne citer que le dernier titre en date inspiré par cette famille). Il sera en particulier nécessaire de revenir sur la genèse de la légende de ces différents personnages, et sur les œuvres qui, au xixe siècle notamment, en ont fixé les traits dans l’imaginaire contemporain, comme les historiens se sont attachés à le faire en ce qui concerne la « légende noire » des Valois, aujourd’hui largement révisée dans les ouvrages savants mais toujours vivace dans la culture populaire. Les femmes de ces dynasties, de Lucrèce Borgia à « Margot » ou à la « reine noire » Catherine de Médicis, font tout particulièrement l’objet de clichés tenaces, peintes en courtisanes ou en sorcières, tandis que l’histoire littéraire a longtemps passé sous silence les plus grandes femmes écrivains de la Renaissance.
On verra aussi quelle empreinte ont laissée les découvertes et inventions de la Renaissance dans l’imaginaire contemporain –  la conquête du Nouveau Monde (un roman comme Rouge Brésil de Jean-Christophe Rufin, un film comme The New World de Terence Malick ou encore une production pour enfants comme les Mystérieuses Cités d’or), la révolution copernicienne et les travaux de Galilée ou encore l’invention de l’imprimerie (par exemple dans Le Maître de Garamond d’Anne Cunéo) – et la manière dont celles-ci entrent en résonance avec les bouleversements épistémologiques et technologiques de notre post-modernité (mondialisation, révolution numérique…).
On pourra également se pencher sur le souci du réalisme historique dans la conception des costumes et des décors non seulement au cinéma (La Princesse de Montpensier de Bertrand Tavernier), mais aussi dans le jeu vidéo (Assassin’s Creed 2).

L’exploration de l’ensemble de ces pistes permettra d’esquisser une cartographie de notre mémoire collective de la Renaissance. On se propose donc d’étudier la Renaissance comme un mythe, avec ses héros, ses héroïnes (souvent occultées par l’histoire), ses lieux privilégiés, un mythe construit et transmis par des générations de chercheurs, mais aussi d’artistes, de romanciers, de cinéastes, qui tout à la fois reconduisent des lieux communs et réinventent sans cesse cette période. Pour définir cette « Renaissance imaginaire » dans la culture contemporaine, le colloque, résolument interdisciplinaire, associera des interventions de chercheurs et des entretiens avec des écrivains et créateurs qui seront invités à réfléchir sur leurs pratiques et leur rapport à la Renaissance. Il s'adressera tant aux spécialistes de la Renaissance intéressés par ses prolongements à l'époque contemporaine, qu'aux spécialistes de littérature comparée, de littérature des xxe et xxie siècles, des arts du spectacle et aux historiens de l’art.

Les propositions de communication seront envoyées aux organisateurs sous la forme d’un résumé d’une page maximum, accompagnées d’une courte bio-bibliographie avant le 30 juin 2015 à l’adresse courriel suivante : melanie.bostfievet@gmail.com







[1] L’association « Modernités médiévales », notamment, organise depuis 2004 de nombreuses manifestations universitaires autour du médiévalisme.
[2] Si les universitaires anglo-saxons ont développé les Classical Reception studies depuis une vingtaine d’années et si les comparatistes français ont largement travaillé la réception des mythes antiques dans la littérature contemporaine, les études de réception de l’Antiquité semblent connaître un nouvel essor depuis les années 2000, avec la création de la revue Anabase en 2005, la publication du séminaire Modernités antiques organisé par V. Gély et A. Tomiche en 2007-2009 et l’organisation d’un colloque sur l’Antiquité dans la poésie contemporaine par P. Galand et B. Gorrillot en 2011, dont les actes paraîtront prochainement aux éditions Droz sous le titre : L’empreinte gréco-latine dans l’écriture contemporaine. Voir notamment S. Ballestra-Puech, « L’héritage gréco-latin », La Recherche en littérature générale et comparée en France en 2007. Bilan et perspectives, études réunies par A. Tomiche et K. Ziegler, Presses universitaires de Valenciennes, 2007, p. 47-55 ; V. Gély, « Les Anciens et nous : la littérature contemporaine et la matière antique », Bulletin de l’Association Guillaume Budé, 2009/2, p. 19-40 ; « Partages de l’Antiquité : un paradigme pour le comparatisme », Partages de l’Antiquité : les classiques grecs et latins et la littérature mondiale, dir. V. Gély, Revue de littérature comparée, LXXXVI, n° 4, octobre-décembre 2012, p. 387-395 (p. 390-391). Voir aussi le programme de recherche allemand « Transformationen der Antike » (http://www.sfb-antike.de).
[3] Voir L’Antiquité dans l’imaginaire contemporain : Fantasy, science-fiction, fantastique, sous la dir. de M. Bost-Fiévet et S. Provini, Paris, Classiques Garnier [Rencontres, n° 88], 2014.
[4] La réception de la Renaissance anglaise aux xxe et xxie siècles a déjà donné lieu à de nombreux colloques et publications, qu’ils portent sur les Tudors (voir Tudorism: Historical Imagination and the Appropriation of the Sixteenth Century, éd. Tatiana C. String and Marcus Bull, Oxford University Press, 2011), les représentations d’Elisabeth (voir par exemple Michael Dobson et Nicola J. Watson, England’s Elizabeth : An Afterlife in Fame and Fantasy, Oxford, Oxford University Press, 2002) ou encore les adaptations de Shakespeare (voir notamment les travaux de Sarah Hatchuel et de Mark Thornton Burnett). Voir aussi l’ouvrage récent dirigé par Mark Thornton Burnett et Adrian Streete, Filming and Performing Renaissance History, Palgrave Macmillan, 2011, qui porte pour l’essentiel sur le cinéma et le théâtre contemporains.
[5] Il faut citer toutefois l’ouvrage pionnier consacré à La postérité de la Renaissance, textes réunis par Fiona Mcintosh-Varjabédian en collaboration avec Véronique Gély, Éditions du conseil scientifique de l’Univ. Charles-de-Gaulle-Lille 3, 2007. On signalera aussi le volume collectif Recepcja renesansu w XIX i XX wieku, éd. Małgorzata Wróblewska-Markiewicz, Łódź, 2003, le colloque international organisé par l’Université d’Harvard et l’EHESS en novembre 2011 sur « Renaissance & cinema », ainsi que la table-ronde « Devenirs de la Renaissance » organisée par Jean-Charles Monferran et Anne Réach-Ngô le 8 juin 2013 et le colloque Inextinguible Rabelais organisé par Mireille Huchon du 12 au 15 novembre 2014 à Paris-Sorbonne.
[6] On citera en particulier l’exercice de micro-lectures pratiqué par Paul J. Smith dans Réécrire la Renaissance de Marcel Proust à Michel Tournier, exercices de lecture rapprochée, Amsterdam, Rodopi [Faux titre], 2009.
[7] Du dynamisme de ce champ d’étude témoignent le collectif Une liberté orageuse. Balzac – Stendhal. Moyen Âge, Renaissance, Réforme, textes réunis par Michel Arrous, Florence Boussard et Nicolas Boussard, Paris, Eurédit, 2004, ainsi que les thèses récentes de Stéphane Arthur, La représentation du seizième siècle dans le théâtre romantique (1826-1842), thèse de doctorat sous la direction de Françoise Mélonio, soutenue à l’université Paris-Sorbonne en octobre 2009, et de Daniele Maira, Renaissances romantiques. Littérature, Histoire, Idéologies, thèse d’habilitation présentée à l’Université de Bâle en décembre 2013.
[8] Entre la lumière et les ténèbres. Aspects du Moyen Âge et de la Renaissance dans la culture des XIXe et XXe siècles, éd. Brenda Dunn-Lardeau, Paris, Champion, 1999.
[9] On citera toutefois la journée d’étude organisée par Catherine Volpilhac-Auger à l’ENS de Lyon le 24 avril 2015 sur « La fabrique de la Renaissance au temps des Lumières. Éditer les auteurs du xvie siècle au xviiie ».
[10] Cf. Gérard Genette, Palimpsestes. La littérature au second degré, Paris, éditions du Seuil [Points Essais], 1982.
[11] Voir R. Saint-Gelais, Fictions transfuges : la transfictionnalité et ses enjeux, Paris, Seuil, 2011.
[12] Voir la journée d’étude organisée et animée par Michel Jourde et Cécile Van den Avenne à l’ENS de Lyon (14 mai 2013) sur la « présence de Rabelais dans les littératures de langue française d’Afrique et d’Amérique ».

jeudi 22 janvier 2015

Conférence sur La Franciade le 3 février

Au Musée des Antiquités de Rouen, Xavier Bonnier et moi-même assurerons deux conférences sur l'Antiquité à la Renaissance : je parlerai de La Franciade de Ronsard le 3 février, et Xavier des "neveux" d'Apollon dans le premier XVIe siècle le 10 mars.
Conférence sur La Franciade le 3 février

Publication imminente du "Parcours du comparant"

Publication imminente du "Parcours du comparant"

L'ouvrage coordonné par Xavier Bonnier et sous-titré "Pour une histoire littéraire des métaphores", va paraître aux éditions Classiques Garnier à la fin janvier 2015.

mardi 6 janvier 2015

Journée d'agrégation sur le Discours de la servitude volontaire

Les vidéos de la journée d'agrégation organisée le 20 novembre à l'université de Rouen sur le Discours de la servitude volontaire d'Etienne de La Boétie sont en ligne sur le site du CÉRÉdI :

http://ceredi.labos.univ-rouen.fr/public/?seminaire-le-discours-de-la.html

mercredi 16 juillet 2014

L'Antiquité dans l'imaginaire contemporain est paru !

Les actes du colloque que Mélanie Bost-Fievet, David K. Nouvel, Perrine Galand et moi-même avions organisé en juin 2012 à l'université de Rouen et à l'EPHE sur "L'Antiquité gréco-latine dans l'imaginaire contemporain : fantasy, science-fiction, fantastique" viennent de paraître aux éditions Classiques Garnier. Cliquer ici pour plus d'informations.

mardi 10 juin 2014

La Renaissance à Rouen : erratum

Une erreur s'est glissée dans l'appel à communication : le poète néo-latin Bernardino Dardano est originaire de Parme, non de Venise.

mercredi 23 avril 2014

La Renaissance à Rouen : appel à communication

La Renaissance à Rouen : l’essor artistique et culturel dans la Normandie des décennies 1480-1530

Colloque organisé par le CÉRÉdI, Université de Rouen, 18 et 19 juin 2015

L'année 1515 est traditionnellement retenue pour symboliser l'essor de la Renaissance en France et marquer une rupture entre le règne de François Ier, « roi-chevalier » victorieux à Marignan, prince bâtisseur et protecteur des Arts et des Lettres, et celui de Louis XII rejeté dans le Moyen Âge. Qu'en fut-il à Rouen, l'une des principales villes du royaume de France avec Paris et Lyon ? Dans cette ville riche d'une imprimerie active depuis 1485, qui organise un concours de poésie palinodique réputé depuis 1486[1] et a bénéficié de l'influence de la Renaissance italienne sous l'impulsion du cardinal Georges Ier d'Amboise[2] dans les domaines de l'architecture (château de Gaillon, archevêché de Rouen, château de Vigny)[3], de la peinture (on pense notamment aux œuvres d’Andrea Solario), de la sculpture et de l'enluminure[4] dès la première décennie du XVIe siècle, quelles ruptures et quelles continuités observe-t-on durant les débuts du règne de François Ier ?

Il sera utile pour répondre à cette question de prolonger les recherches sur la poésie palinodique à Rouen[5], qui ont contribué à la réévaluation de la production des Grands Rhétoriqueurs[6]. Il faudra ainsi retracer le parcours d’auteurs importants, comme le rhétoricien Pierre Fabri, plus connu pour son Grant et vray art de pleine rhétorique publié à Rouen en 1521 que pour Le Defensore de la conception (1514), ou Jacques Le Lieur, notable, mécène et poète palinodique, plusieurs fois élu prince du Puy et auteur du célèbre Livre des Fontaines (1525), témoignage historique, architectural, technique et esthétique unique sur une ville de la Renaissance. La production littéraire autour du Puy d’auteurs moins renommés, notamment la poésie palinodique néo-latine, mérite elle aussi de plus amples investigations. L’édition rouennaise, encore peu étudiée pour ce qui concerne les premières décennies du XVIe siècle[7], nécessite une attention toute particulière, afin de dégager ses spécificités techniques, ses domaines de prédilection et le rôle qu’elle a joué dans la pénétration de l’italianisme en Normandie : on pense notamment aux imprimeurs Pierre Regnault, Pierre Olivier ou Laurent Hostingue qui diffusent l'humanisme italien à Rouen, parfois en collaboration avec des imprimeurs-libraires de Paris et de Caen.

Les milieux poétiques rouennais et les réseaux qui s’y sont formés au début de la Renaissance ne sauraient être pleinement mis en lumière sans une étude du rôle joué par les archevêques de Rouen, Georges Ier d’Amboise mais aussi Georges II d'Amboise (1488-1550), resté jusqu’à présent dans l’ombre de son oncle, le cardinal-ministre de Louis XII, auquel il succède dans sa charge et dont il poursuit l’activité de mécénat, inaugurée auprès des humanistes italiens et français de Pavie dans les années 1500, parmi lesquels plusieurs poètes néo-latins, comme le Vénitien Bernardino Dardano et les Français Germain de Brie et Antoine Forestier, membres du cénacle qui s’est formé autour de lui et de son cousin Louis d’Amboise. Le rôle des Amboise ne se cantonne pas, on le sait, à la protection des poètes, et il sera utile d’éclairer les parcours et les relations qu’entretiennent les artistes de différentes disciplines, comme le miniaturiste Geoffroy Dumoustier, qui passe du service de Georges II d'Amboise à Gaillon à celui de François Ier à Fontainebleau, ou encore le sculpteur Roulland le Roux qui réalise le tombeau des cardinaux d'Amboise. Enfin, l'analyse de l'entrée royale de François Ier dans la ville en 1517[8], où apparaît une statue équestre sur le modèle italien, permettra de souligner le renouvellement des motifs traditionnels par rapport aux entrées de Charles VIII (1485)[9] et de Louis XII (1508)[10] dans la ville ; elle pourra aussi être utilement mise en regard des entrées du roi à Rouen et à Caen en 1532.

Le colloque, pluridisciplinaire, se propose ainsi d’accueillir des études sur la littérature française et néo-latine et sur le livre manuscrit et imprimé, tout en s'ouvrant aux recherches sur d'autres domaines artistiques (peinture, enluminure, architecture, sculpture...) et sur les entrées solennelles, pour mettre en évidence les spécificités de l’essor culturel qu’a connu Rouen dans les années 1480-1530.

Le CÉRÉdI, équipe organisatrice, espère faire dialoguer fructueusement spécialistes de la littérature, historiens, historiens du livre et historiens de l’art dans ce colloque qui sera complété par des conférences destinées au public. Les propositions de communication et/ou de conférence, comprenant un résumé d’une longueur d’environ 300 mots, une bibliographie succincte et une notice précisant l’appartenance institutionnelle et les domaines de recherche, seront adressées à l’équipe organisatrice avant le 30 juin 2014. Les contributeurs retenus seront informés avant le 15 juillet.

Organisation :

Sandra Provini, Maître de conférences en littérature française du XVIe siècle

Xavier Bonnier, Maître de conférences en littérature française du XVIe siècle

Gérard Milhe Poutingon, Professeur en langue et stylistique françaises des XVIe et XVIIe siècles

Contacts (remplacer [at] par @) :

xavier.bonnier[at]univ-rouen.fr

gerard.milhepoutingon[at]univ-rouen.fr

sandra.provini[at]univ-rouen.fr

[1] Sur le Puy de l’Immaculée Conception, qui excède par son rayonnement les frontières de la Normandie et attire les poètes français les plus réputés (Guillaume Cretin, André de La Vigne, Jean Parmentier, Jean et Clément Marot...), voir Gérard Gros, Le Poète, la Vierge et le prince du Puy. Etude sur les Puys marials de la France du Nord du XIVe siècle à la Renaissance, Paris, 1992 ; Denis Hüe, La poésie palinodique à Rouen (1486-1550), Paris, Champion, 2002 ; Première poésie française de la Renaissance. Autour des Puys poétiques normands, Actes du Colloque international organisé par le Centre d’études et de Recherche éditer/Interpréter, 30 septembre-2 octobre 1999, réunis par Jean-Claude Arnould et Thierry Mantovani, Paris, Champion, 2003.

[2] Georges d’Amboise a fait l’objet de deux colloques à l’occasion du 500e anniversaire de sa mort en 2010, à Rouen (Georges d’Amboise, l’homme et son œuvre, 8 et 9 octobre, organisé par Jean-Pierre Chaline, Élisabeth Lalou et Marc Vénard) et à Liège (Georges Ier d’Amboise, une figure plurielle de la Renaissance, 2 et 3 décembre, organisé par Jonathan Dumont et Laure Fagnart). Les Actes du colloque de Liège ont été publiés aux PUR en 2013. Voir aussi Yves Bottineau-Fuchs, « Georges Ier d'Amboise et les artistes italiens », Les Italiens en Normandie, de l'étranger à l'immigré : Actes du colloque de Cerisy-la-Salle (8-11 octobre 1998), sous la direction de Mariella Colin et François Neveux, Cahier des Annales de Normandie n°29, 2000, p. 143-162 ; Gennaro Toscano, « Le cardinal Georges d’Amboise (1460-1510), collectionneur et bibliophile », Les cardinaux de la Renaissance et la modernité artistique, dir. F. Lemerle, Y. Pauwels, G. Toscano, Lille, 2009, p. 51-88.

[3] Voir notamment Elisabeth Chirol, Un premier foyer de la Renaissance en France. Le château de Gaillon, Paris-Rouen, 1952 ; Flaminia Bardati, L’architettura francese di committenza cardinalizia nella prima metà del Cinquecento : i cardinali protagonisti delle guerre d’Italie, thèse de doctorat Rome/Tours, 2002 ; Marc H. Smith, « Rouen-Gaillon : témoignages italiens sur la Normandie de Georges d’Amboise », L’architecture de la Renaissance en Normandie. I : Regards sur les chantiers de la Renaissance, Actes du colloque de Cerisy-la-Salle (30 septembre–4 octobre 1998), dir. Bernard Beck, Pierre Bouet, Claire Étienne et Isabelle Lettéron, Caen, Éditions Charles Corlet/Presses universitaires de Caen, 2003, p. 41-58 ; Etienne Hamon, « Le cardinal Georges d’Amboise et ses architectes », L’Artiste et le clerc. La commande artistique des grands ecclésiastiques à la fin du Moyen Âge (XIVe-XVIe), Paris, 2006, p. 329-348.

[4] Voir Isabelle Delaunay, « Le manuscrit enluminé à Rouen au temps du cardinal Georges d'Amboise : l'œuvre de Robert Boyvin et de Jean Serpin », Annales de Normandie, 45e année, n°3, 1995, p. 211-244.

[5] Voir la note 1 ci-dessus.

[6] Cette réévaluation a été initiée par les travaux de Paul Zumthor, Le Masque et la Lumière. La poétique des Grands Rhétoriqueurs, Paris, Seuil, 1978 ; Claude Thiry, « Lecture du texte de ‘‘rhétoriqueur’’ », Cahiers d’analyse textuelle, n° 20, Paris, Les Belles Lettres, 1978, p. 85-101 ; François Cornilliat, « Or ne mens ». Couleurs de l’éloge et du blâme chez les « Grands Rhétoriqueurs », Paris, Champion, 1994.

[7] Voir le chapitre préliminaire de l’ouvrage de Jean-Dominique Mellot, intitulé « ‘Miettes’ ou ‘créneau’ ? Le premier siècle de l’édition rouennaise (1485-fin du XVIe siècle) », L’édition rouennaise et ses marchés (vers 1600-vers 1730), Paris, Ecole des Chartes, 1998, p. 27-36. Voir aussi Alain Girard, « Les incunables rouennais : imprimerie et culture au XVe siècle », Revue française d’histoire du livre, n° 53, oct.-déc. 1986, p. 463-525.

[8] Voir Charles de Robillard, L’entrée de François Ier, roi de France dans la ville de Rouen au mois d’août 1517 : réimprimé d’après deux opuscules rarissimes de l’époque et précédée d’une introduction, Rouen, Henry Boissel, 1867.

[9] Voir Charles de Robillard, Entrée de Charles VIII à Rouen en 1485 : reproduction fac-similé d’un imprimé du temps, avec introduction et annexes, Rouen, Léon Gy, 1902 ; Joël Blanchard, « Une entrée royale [Charles VIII à Rouen, 14 avr. 1485] », Le Temps de la réflexion, Gallimard, n° 5, 1984, p. 351-374.

[10] Voir Pierre Le Verdier, L'entrée du roi Louis XII et de la reine à Rouen, 1508, Rouen, Léon Gy, 1900.